Le travail de Claire Malen articule les dimensions du témoignage, de l’enquête et de l’engagement ; selon le dispositif sémiotique choisi, photos, interviews ou portraits, les femmes sont saisies tour à tour dans leur réflexion, mais aussi dans leurs corps ou dans leurs actes ; des parcours individuels alternent avec des aventures collectives. La complexité même de la démarche retenue par l’artiste constitue à nos yeux une excellente introduction à la complexité des problématiques sociales et politiques que ce travail présente de façon à la fois claire et pédagogique, mais aussi de façon esthétiquement intéressante.
Ce qui nous frappe en effet dans les photographies comme dans les portraits réalisés par Claire Malen, c’est le parti pris de l’artiste en faveur de la joie – d’une joie communicative qui n’a rien à voir avec des approches superficiellement ludiques ou festives. Il nous semble que l’artiste réussit son pari quand elle montre que se battre pour ses droits, les affirmer, ce n’est nullement céder, comme on le croit parfois, à des passions tristes : acrimonie, colère vaine ou ressentiment ; c’est au contraire manifester le sens d’une fierté retrouvée. C’est cette éthique de l’énergie heureuse et politiquement féconde que nous retrouvons mise en œuvre et communiquée de façon exemplaire par le travail de Claire, dans ses couleurs et sa dynamique.
C’est pourquoi j’aimerais faire partager les émotions fortes et les réflexions que ne manquera pas de susciter ce projet ambitieux, européen et transnational au meilleur sens du mot, et selon moi, digne à tous égards d’être soutenu.
Stéphane Chaudier
Enseignant chercheur (Lettres) à l'Université Jean Monnet (Saint-Étienne)
